Les plantes tinctoriales et leur histoire d’amour avec nous
Dès le début de l’humanité, l’homme a voulu reproduire les couleurs qui l’environnent. Quoi de plus naturel en effet, que de vouloir reproduire le ciel ?
Au début du Néolithique, les habitants de la Provence connaissaient et utilisaient le bleu du pastel (Isatis tinctoria) pour teindre leurs étoffes de lin et de chanvre en bleu clair. (caverne de l’Adaouste. Bouche du Rhône).
Des graines de Gaude (Reseda luteola) ont été retrouvées dans des fouilles d’une cité lacustre des Alpes suisses datant de cette époque.
Puis la connaissance et l’utilisation de plantes tinctoriales s’accroit et s’exporte. Petit à petit, de nouvelles plantes tinctoriales sont découvertes.
Les grandes civilisations et la couleur
- Les Egyptiens colorent leurs étoffes, en rouge, avec le carthame et la garance, en bleu avec le pastel.
- Les Grecs apprécient la garance qu’ils nomment Erythrodanon, qui donne le rouge et découvrent ses propriétés médicinales.
- Les Romains et les Perses utilisent le Safran à la fois comme remède et comme teinture.
- Mais ce sont surtout les civilisations celtes qui ont promu l’utilisation des plantes colorantes, ainsi que la civilisation des Britanni et des Picti, peuplant l’actuelle Grande Bretagne. Ces populations ont fortement impressionné César et Pline. D’autres auteurs racontent que les femmes et les filles de ces populations se mettaient nues et s’enduisaient le corps de Guede (Pastel) avant de participer à certaines cérémonies religieuses.
Pour les auteurs de cette époque, la Grande Bretagne était le pays « des hommes peints ».
D’ailleurs, le nom même de Breton, Brython, vient directement du mot Gallois bryth voulant dire peinture. La population Picte a donné, elle, le terme de pictural.
L’âge d’or des plantes tinctoriales
Au Moyen-âge, l’utilisation des colorants végétaux se développe, « la tradition attestée par les siècles ne se discute pas ». L’artisanat de la teinture gagne ses lettres de noblesse. Quelques siècles plus tard, l’art de la teinture est devenu une industrie et la culture des plantes tinctoriales s’est développée. En France, le pastel est cultivé dans la région de Toulouse, la Gaude dans les vallées du Rhône et du Roussillon, la Garance et le Safran dans le Comtat Venaissin.
Ces plantes ont permis l’obtention des colorants ayant servis à teindre les célèbres tapisseries (Gobelins, etc.) . Ainsi que les soies qui ont fait la réputation de la ville de Lyon. Chacun a également en mémoire le pantalon rouge « garance » porté par le régiment des Zouaves. Ou la couleur bleu pastel de la toile colorée au « bleu de Gènes » qui, portée aux nues par les pionniers américains, reviendra en Europe sous le nom de « Blue jean ».
Les régions productrices de ces plantes prennent un essor considérable. Un négoce international s’instaure, l’économie se développe, la région prospère. Mais au XIXe siècle, la chimie est en pleine expansion. Les chimistes isolent les molécules colorantes responsables et bientôt en font la synthèse. En dix ans le prix de la poudre de Garance chute de 200 F le quintal à 25 F. La culture de la plante cesse. L’ Indigo tropical a supplanté le Pastel, l’économie de la région toulousaine décroît. Le début du XXe siècle voit la production industrielle de l’Indigo de synthèse, le règne du Pastel s’affaiblit considérablement.